Comment vit-on, après.
Quand nous avons grandi sous la dictature, quand nous nous sommes construits sous la dictature, quand elle fait partie de nous (malgré tout).
J’ai commencé les repérages de mon nouveau film alors que je tournais en Roumanie la fin de mon premier film – STELLA. Deux des personnages de ce nouveau film m’ont alors rejointes à Braïla, chez Stella, où nous venions d’arriver après un voyage clandestin, et nous sommes reparties vers Bucarest – passage de témoin.
Il ne me restait « plus qu’à » continuer de creuser le sillon de ma trilogie roumaine avec elles… Vaste entreprise. Plus vaste que je ne l’avais initialement imaginé, tant ce que je découvrais, au fur et à mesure de mes voyages, m’ouvrait à d’autres inconnus, encore et encore. Cette quête d’abord instinctive a radicalement changé mon regard sur le monde – leur monde, mon monde, notre monde – elle m’a « déplacée ». Un bouleversement total, en chemin vers ce film. Alors j’ai pris mon temps, le temps de grandir avec mon film, afin d’être à la hauteur de cette complexité qui s’offrait à moi et de pouvoir la traduire en images simplement (mine de rien).
J’espère que j’aurai la joie de continuer ce chemin en votre compagnie – de partager une seconde fois ce bout de moi avec des spectateurs qui me parleront d’eux en découvrant des figures inconnues du fin fond de l’Europe.
Deux rendez-vous déjà : le premier au cinéma du réel, à Paris, en mars 2012, le deuxième à Visions du réel, à Nyon, en avril 2012.
A bientôt.
Vanina Vignal, mars 2012